jeudi 6 juin 2013

Faune du Costa Rica : un échantillon

            
               Une expérience d'un an au Costa Rica ne peut se résumer à des va et viens entre Concepcion, Cartago et San José. Bien qu'il fasse bon vivre à Chepe comme l'appelle les ticos, c'est bien au détour d'une ascension de volcan, d'un trek en foret humide, ou d'une excursion dans un des nombreux parcs naturels des cotes caraïbes et pacifique que l'on peut se rendre compte de la riche biodiversité de ce petit pays d’Amérique centrale.

                Le Costa Rica offre un panel très large de climats, de paysages naturels, et donc d'habitats possibles pour la faune. Il  sert également de depuis plusieurs millions d'années de point de convergence entre espèces animales venant d'Amérique du nord et du sud.  C'est ainsi qu'il représente plus de 6% de la biodiversité mondiale pour moins de 0,6% des terres émergées sur la Terre : il s'agit du pays comptant le plus d’espèces animales au monde proportionnellement à sa superficie.
   
               Sans faire un détail de toutes les espèces existantes au Costa Rica, sans rentrer non plus dans une présentation exhaustive de la variété de paysages (mangrove, plaine, foret humide..) et écosystèmes présents,  voici donc un article hors classe et une petite présentation des animaux les plus représentatifs que j'ai pu apercevoir au cours de ces quelques mois.

              Il y manque quelques espèces comme le jaguar, le puma ou le tapir, que je n'ai pas encore eu la chance d'observer dans leur habitat ; d'autres que je n'ai pu prendre en photo comme le fourmilier, dauphins et autres espèces aquatiques...

Pour se reperer... carte des parcs nationaux costariciens

              Il semble important de préciser que tous les animaux pris en photos ici l'ont été dans leur milieu naturel (exception cependant des bébés singes-paresseux et araignée pris dans un centre de sauvetage, ainsi que du serpent fer de lance que j’espère ne pas croiser). De même, toutes les photos sont de source propre et sont le résultat d'excursions et randonnées à différents endroits du pays.


Les mammifères 


Ardilla, Laguna del volcan Poas

Commençons par un animal plutôt commun. L’écureuil panaché est une espèce présente un peu partout au Costa Rica mais aussi dans d'autres pays d'Amérique centrale. On la trouve surtout dans la vallée centrale, à San José et ses alentours donc, comme ici au parque nacional del volcan Poas.


 Coati à nez blanc, parque nacional Corcovado.
























 Le Coati à nez blanc est un mammifère très présent au Costa Rica, on le croise dans la majeure partie des parcs nationaux côtiers du pacifique : Corcovado et Manuel Antonio entre autres...
Son nom vient du Guarani qui signifie long nez, il est de la famille des ratons laveurs et se nourrit d’espèces présentes dans le sol qu'il va chercher en remuant la terre.

        

Chancho del monte, Parque nacional Corcovado
  
           Le pécari à collier, ou chancho del monte, sanglier local en voie d'extinction qui se trouve essentiellement sur la péninsule d'Osa (et notamment dans le parque nacional corcovado). Omnivore, il faut faire attention à ce mammifère qui évolue le plus souvent en horde de 10 à 15 individus, que l'on peut rencontrer sur un sentier et qui peut s'attaquer à l'homme (pour en avoir fait l’expérience). Dans ce cas courir le plus vite ou monter dans un arbre si vous avez le temps d'y penser. Étant l'une des principales proie du jaguar, le nombre de sa population est également un indicatif de celle du félin. 
                                                                                                  


Les primates

Le Costa Rica compte quatre espèces de singes et deux espèces de paresseux. Il manque ici le singe ecureuil, le plus petit de tous que l'on peut trouve notamment sur la cote pacifique.


Mono Carablanca, Montezuma.

Le capucin à tete de blanche ou mono cara blanca est sans doute le singe que vous croiserez le plus au Costa Rica, on le trouve à l'interieur des terres comme proche des cotes, pacifiques ou atlantiques.
On le reconnait facilement car il est très actif et se deplace en groupe de 5 à 10 individus. S'il reste sauvage, il se laisse cependant assez facilement approcher.


Mono arana visto en Bahia Drake, peninsula de Osa.
Bébé arana en un centro de rescate














Le singe araignée ou mono arana. est une espèce menacée. Un peu plus rare à observer donc, il se distingue des autres primates "costariciens" par sa grande agilité permise par ses longs membres. Il est également réputé plus intelligent que ses confrères. On peut le trouver dans toutes sortes de foret jusque 2000m d'altitude


Monos congos, parque nacional Manzanillo.

Le singe hurleur noir ou mono congo est un singe qui se distingue par la puissance de son cri qui lui sert à proteger son territoire. Ce cri qui peut s'entendre jusqu'à 16 km à la ronde surprend lorsqu'on se balade pour la premiere fois en foret. Il ne descend que très peu au sol, se veut moins actif que ses congeneres, il vit notamment proches des basses terre cotières.


Oso peresozo, parque nacional Cahuita.
              Le paresseux à trois doigts (ou paresseux à gorge brune) : des deux espèces, c'est la plus repandue au Costa Rica. Il se distingue par son nombre de doigts mais aussi par son pelage qui se veut plus sombre. Très lent il ne descend des arbres qu'une fois par semaine et seulement pour y effectuer ses besoins (moment au cours duquel il perd 30% de son poids) . La plupart du temps suspendus aux arbres, leur immobilisme et lenteur de mouvement les rends aussi plus difficile à observer. Avec une moyenne de 7 mouvements respiratoires par minutes, et une vitesse moyenne 0,2km/h, on peut se rendre compte de la lenteur de son métabolisme.



Le paresseux à deux doigts (ou perezoso didactilo de Hoffman), bébé ici pris en photo au Centro de rescate jaguares de Puerto Viejo, est généralement plus grand, il est de couleur café et d'un poil plus long que son voisin. Si le premier se trouve notamment dans les parcs forestiers côtiers, le second vit davantage en altitude.




Ballena jorobada, parque nacional marino ballena, Uvita.

      
              La baleine à bosse (ou ballena jorobada) peut s'observer sur la cote pacifique du Costa Rica. Elle migre dans les eaux chaudes tropicales pour mettre bas et y élever ses baleineaux. D'aout à octobre ce sont les baleines de l’hémisphère sud qui arrivent au sud de la cote pacifique costaricienne avant de repartir vers les courants froids pour se nourrir de plancton (cette migration de la baleine à bosse est d'ailleurs la plus longue migration animale de la planete).  De fevrier à avril, c'est au nord du de la cote pacifique que l'ont peut observer les baleines à bosse venant des fjords. Cette double migration fait du Costa Rica le seul pays au monde à acceuillir les baleines à bosse venant des deux hémisphères.


 Les oiseaux 

Quetzal replandeciente, San Gerardo de Dota.

Le quetzal resplendissant, de par sa rareté, sa beauté et le symbole qu'il représente, est sans doute l'oiseau qui m'a le plus impressionné. On le trouve dans les forets humides des montagnes d'Amérique centrale. S'il est l'oiseau emblématique du Guatemala, c'est au Costa Rica que sa population est la plus nombreuse. Présent entre autres dans le parque nacional Monteverde ou dans le parque nacional Quetzales de la vallée centrale, c'est durant sa période de reproduction (mois d'avril-mai) qu'on a le plus de chance de le rencontrer. Il se caractérise par un plumage passant du bleu turquoise au vert selon l'ensoleillement (d’où l'adjectif resplendissant), un plumage rouge sur la poitrine, une très longue queue, et une crête pour les mâles. Les longues plumes de sa queue ornaient les couronnes des rois maya de l’époque précolombienne.
Le quetzal, se laissant mourir lorsqu'il est en captivité, ne peut s'observer qu'a l’état sauvage et dans son milieu naturel, ce qui fait de lui un symbole de liberté.



Tùcan de Swainson, Talamanca.



Le toucan est l'oiseau tropical par excellence. Il en existe six espèces au Costa Rica et le toucan de Swainson (en photo ci contre) est le plus répandu d'entre eux. On le reconnait à son cri très singulier et à son bec marron et jaune coupé en diagonale. Le plus souvent perché dans la canopée, il peut aussi descendre au sol, et n' effectue que des vols très cours (allant jusqu'à 100 mètres). Si on peut le trouver du Honduras jusqu'en Colombie, il est notamment présent au Costa Rica dans les forets humides de basse altitude. 


Un colibri en la ciudad de San José

Répandu en Amérique latine, le colibri peut s'observer un peu partout au Costa Rica où on y compte plus de cinquante espèces. On le trouve des cotes caraïbes ou pacifiques, aux forets humides montagneuses, en passant par la ville de San José. Seul oiseau au monde pouvant voler en "marche arrière", on estime par ailleurs qu'il bat des ailes plus d'une soixantaine de fois par seconde en moyenne. 


Lapa roja, Peninsula de Osa, Carate.

L'ara rouge ou ara macao, (ou lapa roja) est sans doute le plus impressionnant des perroquets vivant au Costa Rica. Oiseaux "sociaux" évoluant en groupe, ils sont réputés pour leur fidélité car ils évoluent  avec le même partenaire tout au long de leur vie. L'endroit privilégié pour l'observer au Costa Rica, que ce soit sur la branche d'un arbre ou lors d'un de leur vol sur fond de ciel bleu est le sud de la cote pacifique et notamment  le parque nacional Carara.




Buteogallus, Parque nacional Corcovado.

Il existe aussi de nombreuses espèces de rapaces au Costa Rica. Ici l'aigle noir commun, photographié dans le parc national du Corcovado. Si ce rapace est présent du sud des Etats Unis jusqu'au Pérou, il n'en reste pas moins impressionnant. L'un de ces lointain cousin, la harpie féroce est sans doute le rapace le plus emblématique du Costa Rica. Le Parc du Corcovado est d'ailleurs l'un des seul endroits au monde où on peut croiser ce grand prédateur. 

 Reptiles


  
Le Costa Rica est riche du passage de plusieurs espèces de tortues marines sur ses cotes. La plus celèbre d'entre elles est la tortue luth qui vient pondre ses œufs sur les plages du parque Tortuguero et sur le reste de la cote caraïbe de mars à juin. Ici la tortue verte du pacifique vue en décembre sur une plage de Carate, dans le pacifique Sud. 
Les activités humaines liées aux migrations de tortues au Costa Rica est un sujet qui revient sur la scène publique. Il existe de nombreux débats, d'une part sur les conséquences négatives des activités touristiques,  comment faire en sorte que cet "ecotoursime" ne porte pas prejudice aux especes elles mêmes? D'autre part un débat de longue date a refait surface cette semaine avec l'assassinat près de Limon d'un jeune activiste, Jairo Mora,  protestant contre le trafic d’œufs de tortues encore consommés au Costa Rica. Ce dernier a été capturé puis assassiné en représailles, alors qu'il effectuait une ronde de nuit pour surveiller des nids de tortue.



Vibora Amarilla, parque nacional Cahuita

La vipère de Schlegel (o vibora amarilla) est un serpent arboricole que l'on peut facilement rencontrer sur la cote caraïbe et notamment dans le parc national cahuita. Cette espèce, reconnaissable à sa couleur vive, est de relative petite taille. Attention cependant, car son venin bien que non dangereux pour la vie de l'homme est très vénéneux. Les membres les plus petits et jeunes sont d'ailleurs les plus dangereux, n'ayant pas appris à économiser leur venin. Ce serpent, à moins qu'on le provoque, n'est cependant pas de caractère agressif et se laisse relativement facilement observer.


Terciopelo, en el centro de rescate jaguares, Puerto Viejo.

Serpent qu'il ne vaut mieux pas croiser sur votre route, le fer de lance (terciopelo o serpiente mano de piedra) est considéré comme l'un des serpents les plus dangereux au monde. De la couleur du sol où il évolue le plus souvent, il est donc plutôt difficile à repérer et n’hésite pas à attaquer s'il se sent en danger. Il peut mesurer jusque deux mètres et on le trouve un peu partout au Costa Rica, des cotes pacifique aux caraïbes en passant par les montagnes sous les 1600m d'altitude, jusque dans les plantations de café, de bananes, ou proche des habitations.
Le fer de lance est par ailleurs capable de mordre plusieurs fois en très peu de temps et au même endroit. Son venin peut terrasser un chien ou enfant en peu de temps, si un traitement n'est pas administré rapidement. Un homme adulte peut également en mourir ou en avoir de graves séquelles.  


Cocodrilo en Sierpe, Peinsula de Osa.

 Vieux de plus de 200 millions d'années et au sommet de la chaine alimentaire, le crocodile américain peut mesurer jusque 6 mètres, peser jusqu'une tonne et fait pour certain partie du quotidien au Costa Rica.Vivant dans les eaux douces des fleuves proches des cotes, le crocodile peut également évoluer dans les eaux de mer lorsqu'il passe d'une rivière à une autre. On affirme d'ailleurs que l’expression  "des larmes de crocodile" vient de ce cours passage dans les eaux salées : il s'agit du sel que rejette le crocodile par les yeux. 
Bien que généralement des panneaux nous informent de leur présence, attention donc à ne pas se baigner entre deux embranchements. Conséquence néfaste des activités humaines, proche des villages, on trouve davantage de crocodiles près des  sorties d’égouts et d'eaux sales, ce qui les attire.




Son cousin lointain, le caiman appartient quant à lui à la famile des alligators. Il se veut plus petit, moins agressif, et à la différence du crocodile, on ne le trouve quasiment qu'en Amérique latine. Il arrive de plus en plus que ceux ci se rapprochent d'habitations, leur crainte de l'homme s'amenuisant avec le temps. 


Iguana verde, estacion biologica la sirena, Corcovado.

 L'iguane vert est un reptile pouvant tout de même mesurer jusque deux mètres. Malgré leur physique inquiétant, il est végétarien, passe la plupart de son temps sur une branche, et ne représente aucun danger. On peut en croiser facilement dans plusieurs parc costariciens, voir au bord des routes. Présent sur une grande surface de l’Amérique latine (du sud du Mexique jusqu'au nord de l'Argentine), il n'est pas encore menacé d'extinction bien que sa population diminue.


 Amphibiens


Rana calzonuda, cerca de Puerto Viejo de Talamanca.





La grenouille aux yeux rouges (o rana calzonuda) est l'un des symboles du pays des ticos. Mesurant jusque 6cm, le plus souvent verte cette espèce peut cependant changer de couleur selon le moment de sa vie ou de la journée. Ses pattes constituées de ventouses lui permettent d’évoluer sur tous types de feuilles. Elle est non venimeuse, vit davantage la nuit, ce qui la rend plus difficile à rencontrer que d'autres espèces, mais peut être vue au détour de n'importe quelle sources d'eau douce d'une foret tropicale.



Rana roja, reserva Hitoy Cerrere, cordillera de Talamanca.

  Terminons cette petite présentation par la grenouille des fraises (rana roja), ou grenouille "à flèches empoisonnées".C'est une grenouille vénéneuse, autrement appelée dendrobate. Les toxines qu'elle produit peuvent paralyser et tuer plusieurs types d’animaux. Cette grenouille est d'ailleurs depuis longtemps utilisée par les indigènes pour imprégner de poison les fléchettes de leur sarbacane. Cependant, à moins de la mettre en contact avec une blessure ouverte, l'homme n'a pas à s’inquiéter s'il touche la rana roja. Aussi petite soit-elle, sa couleur permet de la reconnaitre assez facilement parmi les feuilles vertes où elle évolue, et ce un peu partout dans les zones humides du Costa Rica.


           Ces espèces qui nous paraissent exotiques voir dangereuses, bien qu'elles soient visibles au Costa Rica n'en restent pas pour le moins menacées. Leur présence à un niveau local ne reflète donc pas pour autant leur répartition à une échelle régionale ou mondiale.
Si vous parlez avec un costaricien de votre plaisir à avoir vu un singe ou une grenouille, il y a de fortes chances pour qu'il ne soit pas très receptif à votre discours. C'est comme si ce dernier vous parlait les yeux qui brillent de la neige tombée.
D’où que l'on soit, on a tendance à valoriser ce à quoi nous n'avons pas accès. Il est donc parfois plus difficile de respecter, ou de voir la beauté dans quelque chose que l'on a sur le seuil de notre porte. 
C'est en sens que l'école à un rôle primordial : faire que les élèves puissent s'emerveiller devant une espece commune comme devant une autre qu'ils ne verront peut etre jamais. La prise de contact et l'accès à la connaissance sont deux éléments déterminants vers la compréhension et le respect des espèces animales comme du reste de son environnement.

           Quoi de mieux alors que de sortir de classe ? Il est déjà ludique et intéressant de travailler à partir d'albums de littérature de jeunesse, de vidéos ou d'autres supports pédagogiques nous présentant serpents, paresseux et autres animaux appréciés des enfants.
Qu'en est il lorsqu'on a l'occasion d’évoluer à quelques mètres d'une baleine à bosse attendant qu'elle remonte à la surface ; d'attendre que le quetzal posé sur sa branche ne s'envole devoilant ainsi l'intensité de ses couleurs ; ou de voir la tortue nous tourner le dos pour rejoindre l'océan ?

          Prendre conscience de la richesse de son patrimoine écologique, conscience que chaque espèce existe et évolue dans un ensemble d'interactions parfois complexe, et donc avoir accès à une vison plus globale, n'est pas donné. Cela implique une certaine sensibilité et des connaissances que parfois seul l’école permet à travers le contact avec la nature, l’écoute, l'observation... et c'est ce vers quoi elle doit tendre aujourd'hui.

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