vendredi 23 novembre 2012

Intercambio Europa - Costa Rica : Las energias renovables



 

"La tierra es el probable paraiso perdido"
                                                                              Federico Garcia Lorca.     

               Le Costa Rica est un pays qui sert souvent de référence  concernant les politiques menées liées au développement durable. 
Et il y a de quoi : de par sa position géographique le pays bénéficie d'une biodiversité exceptionnelle. Dans un espace restreint se côtoient volcans, rivières, forets humides, littoraux ainsi toutes les espèces vivant dans ces écosystèmes.
            Bien que petit par sa taille (0,6 % des terres émergées) le Costa Rica représente plus de 6% de la biodiversité mondiale et de nombreux efforts ont été faits par le passé pour préserver et promouvoir ces milieux fragiles. Plus d'un quart du pays est couvert de parcs naturels, le pays a souscrit a de nombreux traités pour la défense de environnement et il est l'un des pionniers en matière d’écotourisme.

            Dans le domaine des énergies renouvelables, le Costa Rica est également un pays à part en Amérique Centrale, en effet  98 % des habitants ont accés à l'electricité et 90% de celle ci est produite par des centrales hydroéléctriques.
Le pays a un important potentiel énergétique :
- Un fort ensoleillement, propice à la production d’énergie solaire et la mise en place de panneaux photovoltaïques.
- De fortes précipitations, puissants courants marins et nombreuses rivières, source d’énergie hydraulique et houlomotrice.
- Des vents importants propices à la production d’énergie éolienne ( le Costa Rica détient le parc éolien le plus important d’Amérique Latine)
- De nombreux volcans actifs, source d’énergie géothermique.
-Une grande diversité de matière organique permettant la production d’énergie de source biomasse.

            D'ici 2021, le Costa Rica souhaite par ailleurs etre le premier pays du monde à etre neutre en carbone, cela signifierait que les émissions de CO2 n’excéderaient pas la capacité d'absorption  naturelle de monoxyde de carbone, principal responsable du réchauffement climatique.

           Cependant, si ces données sont réelles, le Costa Rica conserve de nombreux aspects d'un pays en voie de de développement et peu de mesures existent en ville pour réellement diminuer les émissions de carbone : lors des 15 dernières années, l’émission de CO2 a augmenté de 45%...
La voiture reste reine des transport (70 % de l'espace de San José est occupé par les installations liées aux transports motorisés), la circulation reste anarchique, l'usage du vélo est très peu motivé et développé, les trains et tramways sont inexistants ou presque. Les nécessités économiques et l'absence de décisions politiques rendent donc compliquées une réelle utilisation des énergies renouvelables, de transports verts et des nouvelles technologies.

           Il existe donc  un réel paradoxe dans la mesure où un pays qui se veut porteur du développement durable ne peut se restreindre à la préservation des espaces naturels et conserver ce retard en terme de politiques aménagements urbains.Or sur ces thématiques de nombreuses villes européennes ont déjà une grande expérience dont l'Amérique Centrale et le Costa Rica pourraient tirer profit.          




            C'est dans ce contexte qu'a eu lieu le festival du film documentaire sur l’environnement, et le forum d’échange européo-costaricien sur les énergies renouvelables organisé par l'ambassade de France à l'université du Costa Rica. Étaient présents membres de la coopération internationale, étudiants, responsables de politiques publiques, représentants d'entreprises pour un partage d’expériences et une réflexion sur une meilleure production et utilisation des energies renouvelables au Costa Rica.

           Durant deux jours, la projection de films par l'association CRiterio ambiental, et les différentes tables rondes  auront  permis une sensibilisation et une mise en commun de differents projets de coopération existants. Entre autres : le développement des transports verts à travers la mise en place d'une ligne de tramway Transvia à San José, l'installation de la Cyclovia  (piste cyclable) à Cartago ;  la critique du "tout automobile" et la réappropriation "sociale" des espaces urbains réservés à la circulation motorisée ; l’utilisation des ressources renouvelables pour parvenir à une transition et une autonomie énergétique ; la diffusion de l'information et la nécessité de sensibiliser les populations à ces thématiques.

Présentation du projet Transvia à San José.

             Par ailleurs, si les films documentaires comme les interventions auront abordés des points très differents, tous s'accordent sur le fait qu'un réel changement de société visant un développement durable ne peut etre effectif que par une prise de conscience collective... Toute prise de décision politique ou initiative individuelle ne peut  avoir d'impact que si l'ensemble de la société est réceptive, et qu'elle est prête (selon ses possibilités)  à changer certains de ses comportements et sa manière de vivre.

            C'est dans cette optique que l'éducation au développement durable est la première étape pour un changement global de mentalités. L'École est en effet,  de par son caractère universel,  en première ligne car elle seule peut permettre cette prise de conscience dès le plus jeune age et la diffuser dans toutes les couches de la société.  
          Ainsi, si ce forum-festival n'avait pas pour objectif  une prise de décisions politiques, il aura été plus qu'utile par la nature des questions soulevées et la réflexion qu'il aura permis auprès du public.


  Bande annonce la 4ème révolution, pour une autonomie énergétique. 

Films diffusés dans le cadre du festival par CRitierio Ambiental
- La cuarta revolucion, Alemania, 2010.
- Las trampas de gas, Costa Rica, 2012.
- Cosmic Energy Inc. Italia, 2010.
- SolarTaxi, around the world with the sun. Alemania, 2010.



vendredi 2 novembre 2012

Fiesta de las mascaras


"El poder de la máscara sale de su capacidad de encarnar un espíritu, una relacion entre el hombre y los antepasados, el mundo visible y lo del invisible. Es inseparable de un contexto mítico que estructura el modo de existencia y de pensamiento de la inmensa mayoría de las sociedades."
                                              Presentacion de la coleccion de mascaras, Muséo Quai Branly, Paris.


         Aux États-Unis, en France, au Costa Rica, comme dans nombres d'autres pays se fête en cette fin du mois d'Octobre Halloween. Cette fête américaine d'origine païenne s'est fortement exportée ces derniers temps notamment vers  l'Europe et l’Amérique Latine. Et si elle encore fêtée par les étudiants le temps d'un week end, le Costa Rica cherche aujourd'hui à remettre en avant une fête traditionnelle pour contrer cette hégémonie américaine et promouvoir la culture nationale : La fiesta de las mascaras.  


   

          L'usage de masques est présent une grande majorité de cultures des cinq continents. Il prend place dans d'innombrables fêtes populaires qui vont du nouvel an chinois,  au carnavals en Amérique latine ou en Europe, danses diverses et interprétations théâtrales, rituels de passage et  funérailles en Afrique et Océanie... L'usage de masques est donc ancien et universel, et est porteur d'une réelle empreinte culturelle.

         Au Costa Rica, déjà les sociétés traditionnelles indigènes utilisaient les masques, mais son usage s'est généralisé avec la colonisation espagnole. Sont ainsi apparus les symboles et figures traditionnelles que l'on retrouve aujourd'hui dans les differents défilés  (ex : figure du diable, de la mort, de la sorcière ou du fou). La fiesta de las mascaras, à travers ses processus de construction ou la grandeurs de ses personnages fait d'ailleurs étrangement penser à la fête des géants, traditionnelle du Nord de la France et de ses grandes villes ( Lille, Douai, Bethune...).



Fête des géants, Nord Pas de Calais, France.
Mascaras tradicionales














         Les masques sont ici construits à partir de papier journal recyclé, humidifié et mélangé avec de la colle. Sont ainsi fixés de nombreuses couches de papier journal sur un ballon de baudruche. Le ballon une fois percé donnant la structure au masque, vient ensuite le travail sur la forme et  les expressions que l'on souhaite lui donner. Cette étape est longue et minutieuse. La construction des masques se termine par l'ajout de détails tels que moustaches, oreilles et ornements... Ces détails faisant souvent la différence,  on laisse ensuite sécher les masques avant le vernissage et leur utilisation.


Journée classe ouverte et interventions des parents d'élèves.















   
                                                                                                                        

                          

          C'est ainsi que la fête des mascaras a pris place dans le quartier Taras de Cartago, organisée par l'école Republica francesa et son directeur Mr Norberto Bonilla Valverde.
          Elle est fruit d'une préparation de longue haleine  : pendant plus d'un mois, élèves et parents ont participé à leur construction. Les parents d'élèves et un artiste créateur de mascaras sont maintes fois intervenus dans les classes pour expliquer et aider à la production. Une journée école ouverte avait d'ailleurs été organisée, permettant aux parents de venir préparer les masques dans la salle de classe.

               
De la iglesia hacia la escuela

  
           Tout ce  projet, de la conception à la réalisation,  a donc laissé une large place à l' investissement et l’initiative des parents d’élèves et de la communauté locale, fortement présente à Cartago. J'ai ainsi pu constater la qualité du dialogue entre l'équipe pédagogique et les familles, les parents comme élèves prennent plaisir à se rendre à l'école, à défiler avec leurs enfants, comme l’école cherche à les accueillir.
            Dans un quartier assez pauvre qu'est celui de Taras, on constate donc les bénéfices d'un tel esprit communautaire qui permet aux élèves d’évoluer dans un contexte scolaire positif.

         Cela nous renvoie à l'idée que l'école ne doit pas rester  un milieu fermé mais au contraire s'ouvrir aux familles. Cela  permet ainsi créer du lien entre l'institution scolaire et les habitants du quartier, ce,  au bénéfice et pour le développement de l’élève, mais aussi pour le bien être des habitants vivants dans un espace donné. L’école est ainsi facteur de cohésion sociale, de construction d'identité d'un quartier, premier pas vers un climat de respect général.

          C'est donc malgré la pluie que se sont réunis des personnages hauts en couleurs allant des séries et dessins animés préférés des enfants (Homer, Hello Kitty, Spiderman, Mario Bros), aux animaux (papillons, tigres, oiseaux), en passant par les masques plus traditionnelles (squelettes, sorcières...) ou appartenant aux légendes costariciennes ( la llorona, el cadejos).











El cadejos, leyenda costarricense





   









 
            A la suite du cortège ralliant l'église à l’école eu lieu une cérémonie avec danses, concert, repas, et distribution de prix pour les masques les plus originaux. Bien que la saison des pluies n'aura pas épargné cette journée, cet événement fut un succès et a de grandes chances d'etre reconduit. 


Cérémonie de las mascaras
 















Présentation des classes et remise des prix

















Sr Norberto Vaverde, Maria Isabel, Maud Le Chartier