mardi 4 décembre 2012

Cuando haremos comido la planeta...

        
           Alors qu'en France l'hiver pointe le bout de son nez, au Costa Rica, l’été arrive et avec lui les grandes vacances. L'année scolaire s’achève donc,  l'occasion de dresser un petit bilan de ce qui a été fait durant ces premières semaines dans les classes du projet bilingue.

            Comme je l'expliquais dans un précédent article, mon temps d'enseignement jusque fin novembre était réparti entre quatre classes de maternelle correspondant à la grande section en France.
Je suis donc intervenu une journée par semaine dans chacune des classes, pour y mettre en place des apprentissages visant l'acquisition de compétences de fin de maternelle des programmes costariciens.

           Bien qu'ayant une thématique transversale "propre" qu'est celle de l'environnement et du développement durable (dans laquelle se sont insérées toutes les activités mises en place), les apprentissages complétaient la progression construite par le maitre référent qui menait en parallèle ses propres projets de classe. 
            Par ailleurs, les apprentissages mis en place cherchaient à répondre aux besoins prioritaires qu'avaient fait émergé les observations et évaluations diagnostiques du mois de septembre, parmi eux :
- Favoriser l'expression orale, qu'elle soit en français ou en langue maternelle pour développer le langage oral et le vivre-ensemble.
 - Développer la conscience phonologique de l’élève pour un meilleur apprentissage de la lecture et de l’écriture en CP.
- Avancer vers la maitrise de l’écriture à travers des activités graphiques, séances d'écriture tatonnée et de dictée à l'adulte.

          Ainsi, à travers la lecture et une mise en réseaux d'albums de littérature de jeunesse ayant pour thématique l'influence de l'homme sur son milieu naturel.  Les élèves ont été amenés à travailler et réfléchir sur la compréhension de texte en français, l'expression orale, le lien entre l'oral et l’écrit,  la reconnaissance des formes et grandeurs ou la connaissance des nombres entiers entre autres...Dans la mesure du possible ils ont été appelés à s'exprimer, à justifier leur points de vue et à coopérer en vue d'une production commune.
         Les élèves ont également été mis en contacts avec de nombreux chants, rondes, comptines en français, ainsi que des activités physiques et d'expression corporelle.               





            Il est difficile de définir dans quelle mesure les apprentissages "fondamentaux" ont été menés en francais ou en espagnol. Si les lectures se sont faites en français ; les phases d'explicitation, de construction du sens l'ont été davantage en espagnol.
           La plupart des activités ayant pour objectif de développer le langage, qu'il soit ecrit ou oral,  l'important était de mettre en contact les deux langues pour que l’élève parviennent à transférer ses connaissances de l'une à l'autre. Le "tout français" ne serait que peu constructif dans la mesure ou dans cette langue les élèves ont une capacité de compréhension et d’expression réduite. De même, le "tout espagnol" n'aurait aucun sens pour un enseignement qui se veut bilingue.

          Par ailleurs les étapes pour acquérir une connaissance des nombres, des formes et grandeurs, ou le processus d'acquisition de la conscience phonologique ne change pas selon la langue utilisée. L'importance étant la maitrise du concept, les mots (français, espagnol ou anglais) ne sont ainsi que des "étiquettes" et des termes différents qui désignant un seul et même objet. Un élève qui parvient à découper un mot en syllabe peut le faire en espagnol comme en français car il s'agit du même processus d'apprentissage.
Exemples : - Pour le chiffre 5, qu'on le nomme cinq ou cinco ne change rien en sa qualité de chiffre 5. L'important est que l’élève sache le reconnaitre, le nommer, le placer dans une suite numérique et le dénombrer. De même qu'on nomme une figure cercle ou circulo, les mots désignent la même forme donc les mêmes propriétés géométriques. L'important est donc que l'élève reconnaisse d'abord cette figure et ses caractéristiques.
Ou encore un élève qui parvient à découper le mot "papillon" en 3 syllabes, saura faire la même action  avec son équivalent espagnol (découpage de "mariposa" en 4 syllabes). 
La priorité va donc au sens donné, à la maitrise du concept, plus qu'au mot qui y est rattaché.




Les activités et projets réalisés : 

Pendant un peu plus de deux mois, les quatre classes maternelles des sections bilingues ont  été mis en contact avec differents albums de littérature de jeunesse traitant de l'environnement et plus spécifiquement de l'influence de l'homme sur celui ci.

Ces albums ont été choisis pour la qualité de leurs images, leurs attraits esthétiques, mais aussi et surtout pour la clarté du message transmis et leur accessibilité par les élèves, ainsi que la possibilité de discussions et de débats qu'ils permettent, indépendamment de la langue utilisée pour les expliciter.

Quand nous aurons mangé la planète, Alain Serres, Silvia Bonanni, Editions rue du monde :







              Cet album permet de prendre conscience qu'à force de consommer de manière déraisonnée, les ressources naturelles s’épuisent et qu'un jour elles disparaitront. Il permet de faire émerger les nombreuses représentations des élèves sur ce thème tout en évitant e tomber dans une moralisation.
              Les illustrations de ce livre sont composées de collages faits à partir de papier de récupération, ce qui a permis un sensibilisation au recyclage auprès des differents classes. Les élèves ont ainsi pu constater que du "beau" peut être fait a partir de matériaux déjà utilisés.

          Après, s’être exprimés sur le contenu de l'album, les élèves ont donc été amenés à réfléchir sur d'autres ressources, ou espèces animales mises en péril par l'action de l'Homme. Devant trouver un moyen pour continuer à sensibiliser et transmettre le message des auteurs, ils ont décidé collectivement de réaliser une nouvelle page du libre.
          Chaque classe a donc réalisé une nouvelle page, les élèves ont choisi la thématique "environnementale", ont composé l'illustration, et produit le contenu écrit de chaque page par la dictée à l'adulte. Les élèves se seront exprimé à l'oral, auront écrit, dessiné, collé, trié, et comparé leurs productions. Autour de ce projet collectif interdisciplinaire se sont greffées les activités en ateliers.






Quand nous aurons écrasé le dernier insecte













 


            Les 4 classes ayant produit une page, celles ci ont été mises en commun dans chacune des classes et ces productions seront prochainement valorisées par une présentation du travail produit dans les différentes classes des écoles Terran Valls et Republica francesa.

 



Autres albums étudiés :

- Dans la foret du paresseux, Anouck Boisrobert, Louis Rigaud. Editions Héliums.


           Cet album traite de la déforestation et de ses conséquences sur la disparition des espèces. Il prend tout son sens ici, car la foret en question est une jungle telle qu'on en trouve au Costa Rica.

A travers des scènes interactives en 3 dimensions on y constate l'arrivée des machines, la fuite des animaux et des populations indigènes... Seul reste le paresseux caché et endormi dans son arbre qui ne se rend pas compte du chaos ambiant.
Très ludique, (le lecteur est sans cesse amené à chercher le paresseux caché dans la foret), cet album permet d’émettre des hypothèses sur les causes et conséquences de la déforestation, un comparatif entre faune et flore française et costaricienne,  de comprendre la nécessité de conserver des espaces protégés ainsi que la différence de temps entre déforestation et reboisement.


















Un nouveau monde, Muriel Kerba, ed. Gautier Languereau.



          De même que "quand nous aurons mangé la planète", Les pages du "nouveau monde" sont composé d'un mélange d'illustrations et collage de papiers de récupération.
          Il raconte l'histoire d'un homme quittant sa ville et sa region malade, trop polluée pour s'installer dans un espace vierge, une ile où domine une nature luxuriante. Sur cette ile paradisiaque il rencontre des populations indigènes, leur décrit sa ville et leur enseigne son mode de vie. Ceux ci fascinés par cette description, reproduisent le même processus : ils tailllent les arbres, construisent à bout de champs... lorsqu'il se rend compte de son influence et qu'il est trop tard, le personnage principal décide alors de retourner dans sa ville natale pour y changer les choses...
         Cette histoire si elle permet à l'élève de se rendre compte de ses possibilités d'actions sur son milieu, a également permis une première introduction et sensibilisation à la thématique des solidarités et à la construction de compétences écocitoyennes.


Voyage à poubelle plage, Elisabeth Brami, Bernard Jeunet, Seuil jeunesse. 



        
Réalisé à partir de photos de matériaux réellement retrouvés sur des plages, Voyage à poubelle plage est une approche avant tout poétique sur le thème des pollutions. Cet album qui sera travaillé en primer grado dès février permettra d'introduire un important travail sur le le tri de déchets et le recyclage.


Sensibilisation au tri collectif, Cartago.

         Voilà donc pour quelques exemples de travaux réalisés... Difficile de tout expliciter en quelques lignes mais  cela peut donner un premier aperçu de ce qui s'est fait durant ces quelques temps dans les écoles maternelles des sections bilingues. 
         Je tiens bien sur à remercier les directeurs des écoles et notamment Andrea pour m'avoir ouvert leur porte. Mais aussi et surtout les professeurs Sofia, Sonia, Estibaliz et Roy, pour m'avoir aussi facilement accepté dans leur classe et m'y etre fait sentir comme chez moi. Ce fut un plaisir d'échanger autant et d'évoluer avec tout leurs élèves que je retrouverai donc en 2013.
                                                                    Gracias, feliz navidad y les deseo buenas vacaciones !!



Con la transicion de Estibaliz, Escuela Terran Valls.









Roy y sus muchachos, Escuela Terran Valls.



Hacia el cielo, con los prescolares de Sonia y Sofia, escuela Republica Francesa.


lundi 3 décembre 2012

Diferencias culturales ?

            Parmi les nombreux objectifs du programme Jules Verne l'un d'eux est la connaissance des différents systèmes éducatifs européens et étrangers.
Chaque système éducatif est le reflet d'une culture différente, il n'existe donc pas deux systèmes éducatifs identiques. Les systèmes francais et costariciens n’échappent pas à la règle et bien qu'ils partagent de nombreuses valeurs communes ils se distinguent par d'autres points.

             Ces différences sont pour la plupart d'ordre culturel, et il ne s'agit pas donc pas de les juger ou d'en s'en faire un avis tranché... La France a par exemple de nombreuses choses à apprendre du système costaricien que ce soit à travers le dialogue et la participation de la communauté au sein de l'école, ou l’omniprésence d'une éducation au respect de l’environnement.
              A chaque contexte ses spécificités ainsi que leurs justifications. Voici cependant quelques différences qui peuvent surprendre un enseignant français en immersion dans le système éducatif costaricien.


Le fait religieux et le catholicisme : 
             A ce titre, le Costa Rica est un pays très latino-americain. Alors qu'en France la laicité est défendue comme une valeur fondatrice de la république et de son école. La religion est ici un des éléments central de l'éducation et sa présence est loin d'etre remise en cause.
            C'est ainsi que les élèves de maternelle commencent leur journée par la prière, (en francais pour le sections bilingues), les symboles religieux (vierge marie, croix, ou crèches et petits jésus en cette période de noël) sont très présents, la religion s'enseigne en tant que discipline obligatoire par un enseignant nommé par le Mep, l’école organise et récolte les dons de nourriture pour l’église, des chants et célébrations à la vierge sont également organisés par la direction des différentes écoles publiques. 

Célébration de la vierge, escuela Terran Valls
Pendant le séisme du 05/09/2012
















        



      
           La majeure partie de la population costaricienne étant catholique, ce fait religieux n'est donc pas contestable bien qu'il m'ait choqué et choquerait de nombreux enseignants français défendant la laïcité et considérant la religion comme appartenant au domaine privé.
          Étrange sensation donc que de voir toute une classe d'enfants de 6 ans bruler un cierge pour la sainte protectrice de la commune ; d'assister à un rassemblement et une prière commune en plein tremblement de terre; ou d'assister à une pièce de théâtre jouée par les enfants représentant l'arrivée des rois mages et la naissance de Jésus.

            Il ne s'agit pas ici de critiquer ou à un aucun moment de juger, cette présence du catholicisme a ici du sens pour tous : élèves, professeurs, directeurs ou inspecteurs.... Au Costa Rica et notamment dans des quartiers isolés ou villages, l’église reste un lieu social privilégié, un lieu de solidarité et d’échange pour les habitants d'un espace donné.

Teatro, los reyes magos.



La vision de l'élève : 
            Pour le Mep (Ministere de l'Education Publique costaricien), l'école et notamment l'école maternelle doit avant tout permettre le développement naturel de l’élève. L'enfant doit ainsi pouvoir s’éveiller librement et par le jeu, tout doit être mis en place pour que l'élève puisse s'exprimer et choisir ses activités.
Ces faits sont tout à fait justifiés : si l’école n'a pas pour fonction de socialiser les futurs citoyens et permettre leur développement personnel qui remplirait cette fonction ?
Cependant cette priorité donnée au "bien être" de l'enfant a aussi d'autres consequences : 

- Sur la discipline en classe :
Les élèves sont habitués à prendre la parole de manière spontanée, se lever ou sortir de classe sans permission. Il est souvent difficile d'avoir l'attention de tous, d'effectuer un regroupement silencieux car les élèves n'ont pas tant l'habitude d’être plongé dans un climat de travail et de respect mutuel de la prise de parole. Si ce "bazar" ambiant se veut culturel, les élèves sont par contre tout à fait capable de se concentrer sur une tache donnée.
Les textes officiels sont très axés sur l’intégrité morale et physique de l'élève...interdit donc pour l’enseignant, hausser la voix, ou de regarder insistement un enfant pour lui faire comprendre que son comportement n'a pas lieu d’être, ou encore moins de le toucher.
Ainsi, quelles règles permettent le développement et l’affirmation de l’élève en tant qu'individu sans en perturber le fonctionnement d'un groupe ?
La question a été posée lors de la formation du mois d'octobre et une charte de règles de vie est en processus de construction pour les classes du projet bilingue.


- Les horaires et rythmes de vie :
L’élève ne se rend  à l’école qu'une demi journée (pour permettre à un autre groupe classe d'occuper l'espace lors de la deuxième demi-journée). Ce découpage, permettant à tous les élèves d’être scolarisé, n'est pas à contester, mais cela influe sur la capacité de concentration des élèves. Difficile pour un élève de 5 ans d’être toujours attentif à 10h du matin alors qu'il s'est levé à 5h30... de même pour le lendemain lorsque l’élève commence sa journée à 12h30...
Par ailleurs, durant la demi journée de classe, la priorité est donné aux besoins "physiques" de l’élève, c'est à dire les temps de jeu et de restauration.
Au Costa Rica, on s'interrompt en pleine classe pour manger à heure précise. Inutile donc d'inscrire dans les règles de vie "interdit de manger en classe", ce ne serait pas applicable.
Les élèves ramènent donc leur propre nourriture, ceux qui n'en ont pas sont servis par la cuisinière qui passe dans les classes. Les classes  élémentaires se rendent quant à elles au réfectoire. Il est donc commun de voir un élève manger des spaghettis à 9 heures du matin. Pas de demi pension comme en France donc, pour ce qui est du menu c'est le plus souvent riz et haricots rouges (frijoles), plat de base costaricien.
Après le repas il faut donc vite nettoyer les tables pour passer aux enseignements (chose qu'un enseignant français de maternelle doit également faire après la collation en maternelle).
> Il n'y a donc pas de temps calme après le repas car il s'agit d'un des seuls moment ou l'on a assez de temps pour mettre en place une réele séquence d'enseignement. 


Bon appétit
          
           Outre les temps de restauration, les temps de jeu dans les coins ("rincones") et de recréation sont également strictement définis. Le fait que l'espace commun soit assez réduit implique un respect de ces horaires car les classes se relaient dans les différents espaces (cours de recréation notamment). Les classes du projet bilingue, s'inspirant des programmes et d'une certaine pédagogie "à la francaise" tout en respectant les textes locaux, s'adaptent pour que l’élève évolue dans un équilibre entre l'école maternelle à la costaricienne (kindergarden) à la française (lieu de préparation des apprentissages fondamentaux).

           Par ailleurs, de nombreuses enquêtes sociales et dossiers sont réalisées et constitués pour mieux connaitre les élèves, leurs besoins, aspirations, leur climat social et familial, leur santé psychologique... si cela est intéressant dans la conception, il est cependant souvent difficile pour un enfant de 5 ans de répondre à ces questions d'ordre privé et cela empiète beaucoup sur le temps de préparation et d'enseignement du professeur.

Juego libre


Les symboles nationaux : 
          L’école doit transmettre les valeurs de la nation et de la republique, ceci en France comme au Costa Rica. Cependant, l'affirmation de l'identité nationale est d'autant plus forte au Costa Rica (cf article actos civicos).
          La plupart des événements culturels à l'école ou cérémonies débutent par l'hymne national (remise des prix, concert ou pièce de théâtre) et il serait vu comme irrespectueux de ne pas le chanter. De même lorsque la marseillaise résonne pour une activité en lien avec la France. En tant que "représentant" français, on comprendrait mal pourquoi je ne chante pas l'hymne, alors que cela serait tout à fait commun en métropole. Ces cérémonies (remise des prix, concert ou piece de théatre par exemple) sont très strucutrées et le protocole strictement defini.


Tous ces éléments varient bien sur d'une école ou d'une région à une autre et toute généralisation serait une erreur. Ces quelques différences sont par ailleurs normales, lorsqu'on compare l'histoire de chaque pays et de l’évolution de son système éducatif.


vendredi 23 novembre 2012

Intercambio Europa - Costa Rica : Las energias renovables



 

"La tierra es el probable paraiso perdido"
                                                                              Federico Garcia Lorca.     

               Le Costa Rica est un pays qui sert souvent de référence  concernant les politiques menées liées au développement durable. 
Et il y a de quoi : de par sa position géographique le pays bénéficie d'une biodiversité exceptionnelle. Dans un espace restreint se côtoient volcans, rivières, forets humides, littoraux ainsi toutes les espèces vivant dans ces écosystèmes.
            Bien que petit par sa taille (0,6 % des terres émergées) le Costa Rica représente plus de 6% de la biodiversité mondiale et de nombreux efforts ont été faits par le passé pour préserver et promouvoir ces milieux fragiles. Plus d'un quart du pays est couvert de parcs naturels, le pays a souscrit a de nombreux traités pour la défense de environnement et il est l'un des pionniers en matière d’écotourisme.

            Dans le domaine des énergies renouvelables, le Costa Rica est également un pays à part en Amérique Centrale, en effet  98 % des habitants ont accés à l'electricité et 90% de celle ci est produite par des centrales hydroéléctriques.
Le pays a un important potentiel énergétique :
- Un fort ensoleillement, propice à la production d’énergie solaire et la mise en place de panneaux photovoltaïques.
- De fortes précipitations, puissants courants marins et nombreuses rivières, source d’énergie hydraulique et houlomotrice.
- Des vents importants propices à la production d’énergie éolienne ( le Costa Rica détient le parc éolien le plus important d’Amérique Latine)
- De nombreux volcans actifs, source d’énergie géothermique.
-Une grande diversité de matière organique permettant la production d’énergie de source biomasse.

            D'ici 2021, le Costa Rica souhaite par ailleurs etre le premier pays du monde à etre neutre en carbone, cela signifierait que les émissions de CO2 n’excéderaient pas la capacité d'absorption  naturelle de monoxyde de carbone, principal responsable du réchauffement climatique.

           Cependant, si ces données sont réelles, le Costa Rica conserve de nombreux aspects d'un pays en voie de de développement et peu de mesures existent en ville pour réellement diminuer les émissions de carbone : lors des 15 dernières années, l’émission de CO2 a augmenté de 45%...
La voiture reste reine des transport (70 % de l'espace de San José est occupé par les installations liées aux transports motorisés), la circulation reste anarchique, l'usage du vélo est très peu motivé et développé, les trains et tramways sont inexistants ou presque. Les nécessités économiques et l'absence de décisions politiques rendent donc compliquées une réelle utilisation des énergies renouvelables, de transports verts et des nouvelles technologies.

           Il existe donc  un réel paradoxe dans la mesure où un pays qui se veut porteur du développement durable ne peut se restreindre à la préservation des espaces naturels et conserver ce retard en terme de politiques aménagements urbains.Or sur ces thématiques de nombreuses villes européennes ont déjà une grande expérience dont l'Amérique Centrale et le Costa Rica pourraient tirer profit.          




            C'est dans ce contexte qu'a eu lieu le festival du film documentaire sur l’environnement, et le forum d’échange européo-costaricien sur les énergies renouvelables organisé par l'ambassade de France à l'université du Costa Rica. Étaient présents membres de la coopération internationale, étudiants, responsables de politiques publiques, représentants d'entreprises pour un partage d’expériences et une réflexion sur une meilleure production et utilisation des energies renouvelables au Costa Rica.

           Durant deux jours, la projection de films par l'association CRiterio ambiental, et les différentes tables rondes  auront  permis une sensibilisation et une mise en commun de differents projets de coopération existants. Entre autres : le développement des transports verts à travers la mise en place d'une ligne de tramway Transvia à San José, l'installation de la Cyclovia  (piste cyclable) à Cartago ;  la critique du "tout automobile" et la réappropriation "sociale" des espaces urbains réservés à la circulation motorisée ; l’utilisation des ressources renouvelables pour parvenir à une transition et une autonomie énergétique ; la diffusion de l'information et la nécessité de sensibiliser les populations à ces thématiques.

Présentation du projet Transvia à San José.

             Par ailleurs, si les films documentaires comme les interventions auront abordés des points très differents, tous s'accordent sur le fait qu'un réel changement de société visant un développement durable ne peut etre effectif que par une prise de conscience collective... Toute prise de décision politique ou initiative individuelle ne peut  avoir d'impact que si l'ensemble de la société est réceptive, et qu'elle est prête (selon ses possibilités)  à changer certains de ses comportements et sa manière de vivre.

            C'est dans cette optique que l'éducation au développement durable est la première étape pour un changement global de mentalités. L'École est en effet,  de par son caractère universel,  en première ligne car elle seule peut permettre cette prise de conscience dès le plus jeune age et la diffuser dans toutes les couches de la société.  
          Ainsi, si ce forum-festival n'avait pas pour objectif  une prise de décisions politiques, il aura été plus qu'utile par la nature des questions soulevées et la réflexion qu'il aura permis auprès du public.


  Bande annonce la 4ème révolution, pour une autonomie énergétique. 

Films diffusés dans le cadre du festival par CRitierio Ambiental
- La cuarta revolucion, Alemania, 2010.
- Las trampas de gas, Costa Rica, 2012.
- Cosmic Energy Inc. Italia, 2010.
- SolarTaxi, around the world with the sun. Alemania, 2010.



vendredi 2 novembre 2012

Fiesta de las mascaras


"El poder de la máscara sale de su capacidad de encarnar un espíritu, una relacion entre el hombre y los antepasados, el mundo visible y lo del invisible. Es inseparable de un contexto mítico que estructura el modo de existencia y de pensamiento de la inmensa mayoría de las sociedades."
                                              Presentacion de la coleccion de mascaras, Muséo Quai Branly, Paris.


         Aux États-Unis, en France, au Costa Rica, comme dans nombres d'autres pays se fête en cette fin du mois d'Octobre Halloween. Cette fête américaine d'origine païenne s'est fortement exportée ces derniers temps notamment vers  l'Europe et l’Amérique Latine. Et si elle encore fêtée par les étudiants le temps d'un week end, le Costa Rica cherche aujourd'hui à remettre en avant une fête traditionnelle pour contrer cette hégémonie américaine et promouvoir la culture nationale : La fiesta de las mascaras.  


   

          L'usage de masques est présent une grande majorité de cultures des cinq continents. Il prend place dans d'innombrables fêtes populaires qui vont du nouvel an chinois,  au carnavals en Amérique latine ou en Europe, danses diverses et interprétations théâtrales, rituels de passage et  funérailles en Afrique et Océanie... L'usage de masques est donc ancien et universel, et est porteur d'une réelle empreinte culturelle.

         Au Costa Rica, déjà les sociétés traditionnelles indigènes utilisaient les masques, mais son usage s'est généralisé avec la colonisation espagnole. Sont ainsi apparus les symboles et figures traditionnelles que l'on retrouve aujourd'hui dans les differents défilés  (ex : figure du diable, de la mort, de la sorcière ou du fou). La fiesta de las mascaras, à travers ses processus de construction ou la grandeurs de ses personnages fait d'ailleurs étrangement penser à la fête des géants, traditionnelle du Nord de la France et de ses grandes villes ( Lille, Douai, Bethune...).



Fête des géants, Nord Pas de Calais, France.
Mascaras tradicionales














         Les masques sont ici construits à partir de papier journal recyclé, humidifié et mélangé avec de la colle. Sont ainsi fixés de nombreuses couches de papier journal sur un ballon de baudruche. Le ballon une fois percé donnant la structure au masque, vient ensuite le travail sur la forme et  les expressions que l'on souhaite lui donner. Cette étape est longue et minutieuse. La construction des masques se termine par l'ajout de détails tels que moustaches, oreilles et ornements... Ces détails faisant souvent la différence,  on laisse ensuite sécher les masques avant le vernissage et leur utilisation.


Journée classe ouverte et interventions des parents d'élèves.















   
                                                                                                                        

                          

          C'est ainsi que la fête des mascaras a pris place dans le quartier Taras de Cartago, organisée par l'école Republica francesa et son directeur Mr Norberto Bonilla Valverde.
          Elle est fruit d'une préparation de longue haleine  : pendant plus d'un mois, élèves et parents ont participé à leur construction. Les parents d'élèves et un artiste créateur de mascaras sont maintes fois intervenus dans les classes pour expliquer et aider à la production. Une journée école ouverte avait d'ailleurs été organisée, permettant aux parents de venir préparer les masques dans la salle de classe.

               
De la iglesia hacia la escuela

  
           Tout ce  projet, de la conception à la réalisation,  a donc laissé une large place à l' investissement et l’initiative des parents d’élèves et de la communauté locale, fortement présente à Cartago. J'ai ainsi pu constater la qualité du dialogue entre l'équipe pédagogique et les familles, les parents comme élèves prennent plaisir à se rendre à l'école, à défiler avec leurs enfants, comme l’école cherche à les accueillir.
            Dans un quartier assez pauvre qu'est celui de Taras, on constate donc les bénéfices d'un tel esprit communautaire qui permet aux élèves d’évoluer dans un contexte scolaire positif.

         Cela nous renvoie à l'idée que l'école ne doit pas rester  un milieu fermé mais au contraire s'ouvrir aux familles. Cela  permet ainsi créer du lien entre l'institution scolaire et les habitants du quartier, ce,  au bénéfice et pour le développement de l’élève, mais aussi pour le bien être des habitants vivants dans un espace donné. L’école est ainsi facteur de cohésion sociale, de construction d'identité d'un quartier, premier pas vers un climat de respect général.

          C'est donc malgré la pluie que se sont réunis des personnages hauts en couleurs allant des séries et dessins animés préférés des enfants (Homer, Hello Kitty, Spiderman, Mario Bros), aux animaux (papillons, tigres, oiseaux), en passant par les masques plus traditionnelles (squelettes, sorcières...) ou appartenant aux légendes costariciennes ( la llorona, el cadejos).











El cadejos, leyenda costarricense





   









 
            A la suite du cortège ralliant l'église à l’école eu lieu une cérémonie avec danses, concert, repas, et distribution de prix pour les masques les plus originaux. Bien que la saison des pluies n'aura pas épargné cette journée, cet événement fut un succès et a de grandes chances d'etre reconduit. 


Cérémonie de las mascaras
 















Présentation des classes et remise des prix

















Sr Norberto Vaverde, Maria Isabel, Maud Le Chartier