lundi 3 décembre 2012

Diferencias culturales ?

            Parmi les nombreux objectifs du programme Jules Verne l'un d'eux est la connaissance des différents systèmes éducatifs européens et étrangers.
Chaque système éducatif est le reflet d'une culture différente, il n'existe donc pas deux systèmes éducatifs identiques. Les systèmes francais et costariciens n’échappent pas à la règle et bien qu'ils partagent de nombreuses valeurs communes ils se distinguent par d'autres points.

             Ces différences sont pour la plupart d'ordre culturel, et il ne s'agit pas donc pas de les juger ou d'en s'en faire un avis tranché... La France a par exemple de nombreuses choses à apprendre du système costaricien que ce soit à travers le dialogue et la participation de la communauté au sein de l'école, ou l’omniprésence d'une éducation au respect de l’environnement.
              A chaque contexte ses spécificités ainsi que leurs justifications. Voici cependant quelques différences qui peuvent surprendre un enseignant français en immersion dans le système éducatif costaricien.


Le fait religieux et le catholicisme : 
             A ce titre, le Costa Rica est un pays très latino-americain. Alors qu'en France la laicité est défendue comme une valeur fondatrice de la république et de son école. La religion est ici un des éléments central de l'éducation et sa présence est loin d'etre remise en cause.
            C'est ainsi que les élèves de maternelle commencent leur journée par la prière, (en francais pour le sections bilingues), les symboles religieux (vierge marie, croix, ou crèches et petits jésus en cette période de noël) sont très présents, la religion s'enseigne en tant que discipline obligatoire par un enseignant nommé par le Mep, l’école organise et récolte les dons de nourriture pour l’église, des chants et célébrations à la vierge sont également organisés par la direction des différentes écoles publiques. 

Célébration de la vierge, escuela Terran Valls
Pendant le séisme du 05/09/2012
















        



      
           La majeure partie de la population costaricienne étant catholique, ce fait religieux n'est donc pas contestable bien qu'il m'ait choqué et choquerait de nombreux enseignants français défendant la laïcité et considérant la religion comme appartenant au domaine privé.
          Étrange sensation donc que de voir toute une classe d'enfants de 6 ans bruler un cierge pour la sainte protectrice de la commune ; d'assister à un rassemblement et une prière commune en plein tremblement de terre; ou d'assister à une pièce de théâtre jouée par les enfants représentant l'arrivée des rois mages et la naissance de Jésus.

            Il ne s'agit pas ici de critiquer ou à un aucun moment de juger, cette présence du catholicisme a ici du sens pour tous : élèves, professeurs, directeurs ou inspecteurs.... Au Costa Rica et notamment dans des quartiers isolés ou villages, l’église reste un lieu social privilégié, un lieu de solidarité et d’échange pour les habitants d'un espace donné.

Teatro, los reyes magos.



La vision de l'élève : 
            Pour le Mep (Ministere de l'Education Publique costaricien), l'école et notamment l'école maternelle doit avant tout permettre le développement naturel de l’élève. L'enfant doit ainsi pouvoir s’éveiller librement et par le jeu, tout doit être mis en place pour que l'élève puisse s'exprimer et choisir ses activités.
Ces faits sont tout à fait justifiés : si l’école n'a pas pour fonction de socialiser les futurs citoyens et permettre leur développement personnel qui remplirait cette fonction ?
Cependant cette priorité donnée au "bien être" de l'enfant a aussi d'autres consequences : 

- Sur la discipline en classe :
Les élèves sont habitués à prendre la parole de manière spontanée, se lever ou sortir de classe sans permission. Il est souvent difficile d'avoir l'attention de tous, d'effectuer un regroupement silencieux car les élèves n'ont pas tant l'habitude d’être plongé dans un climat de travail et de respect mutuel de la prise de parole. Si ce "bazar" ambiant se veut culturel, les élèves sont par contre tout à fait capable de se concentrer sur une tache donnée.
Les textes officiels sont très axés sur l’intégrité morale et physique de l'élève...interdit donc pour l’enseignant, hausser la voix, ou de regarder insistement un enfant pour lui faire comprendre que son comportement n'a pas lieu d’être, ou encore moins de le toucher.
Ainsi, quelles règles permettent le développement et l’affirmation de l’élève en tant qu'individu sans en perturber le fonctionnement d'un groupe ?
La question a été posée lors de la formation du mois d'octobre et une charte de règles de vie est en processus de construction pour les classes du projet bilingue.


- Les horaires et rythmes de vie :
L’élève ne se rend  à l’école qu'une demi journée (pour permettre à un autre groupe classe d'occuper l'espace lors de la deuxième demi-journée). Ce découpage, permettant à tous les élèves d’être scolarisé, n'est pas à contester, mais cela influe sur la capacité de concentration des élèves. Difficile pour un élève de 5 ans d’être toujours attentif à 10h du matin alors qu'il s'est levé à 5h30... de même pour le lendemain lorsque l’élève commence sa journée à 12h30...
Par ailleurs, durant la demi journée de classe, la priorité est donné aux besoins "physiques" de l’élève, c'est à dire les temps de jeu et de restauration.
Au Costa Rica, on s'interrompt en pleine classe pour manger à heure précise. Inutile donc d'inscrire dans les règles de vie "interdit de manger en classe", ce ne serait pas applicable.
Les élèves ramènent donc leur propre nourriture, ceux qui n'en ont pas sont servis par la cuisinière qui passe dans les classes. Les classes  élémentaires se rendent quant à elles au réfectoire. Il est donc commun de voir un élève manger des spaghettis à 9 heures du matin. Pas de demi pension comme en France donc, pour ce qui est du menu c'est le plus souvent riz et haricots rouges (frijoles), plat de base costaricien.
Après le repas il faut donc vite nettoyer les tables pour passer aux enseignements (chose qu'un enseignant français de maternelle doit également faire après la collation en maternelle).
> Il n'y a donc pas de temps calme après le repas car il s'agit d'un des seuls moment ou l'on a assez de temps pour mettre en place une réele séquence d'enseignement. 


Bon appétit
          
           Outre les temps de restauration, les temps de jeu dans les coins ("rincones") et de recréation sont également strictement définis. Le fait que l'espace commun soit assez réduit implique un respect de ces horaires car les classes se relaient dans les différents espaces (cours de recréation notamment). Les classes du projet bilingue, s'inspirant des programmes et d'une certaine pédagogie "à la francaise" tout en respectant les textes locaux, s'adaptent pour que l’élève évolue dans un équilibre entre l'école maternelle à la costaricienne (kindergarden) à la française (lieu de préparation des apprentissages fondamentaux).

           Par ailleurs, de nombreuses enquêtes sociales et dossiers sont réalisées et constitués pour mieux connaitre les élèves, leurs besoins, aspirations, leur climat social et familial, leur santé psychologique... si cela est intéressant dans la conception, il est cependant souvent difficile pour un enfant de 5 ans de répondre à ces questions d'ordre privé et cela empiète beaucoup sur le temps de préparation et d'enseignement du professeur.

Juego libre


Les symboles nationaux : 
          L’école doit transmettre les valeurs de la nation et de la republique, ceci en France comme au Costa Rica. Cependant, l'affirmation de l'identité nationale est d'autant plus forte au Costa Rica (cf article actos civicos).
          La plupart des événements culturels à l'école ou cérémonies débutent par l'hymne national (remise des prix, concert ou pièce de théâtre) et il serait vu comme irrespectueux de ne pas le chanter. De même lorsque la marseillaise résonne pour une activité en lien avec la France. En tant que "représentant" français, on comprendrait mal pourquoi je ne chante pas l'hymne, alors que cela serait tout à fait commun en métropole. Ces cérémonies (remise des prix, concert ou piece de théatre par exemple) sont très strucutrées et le protocole strictement defini.


Tous ces éléments varient bien sur d'une école ou d'une région à une autre et toute généralisation serait une erreur. Ces quelques différences sont par ailleurs normales, lorsqu'on compare l'histoire de chaque pays et de l’évolution de son système éducatif.


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