lundi 6 mai 2013

Centros de cuidado y desarollo infantil


Cuadernos de escuela est un blog à finalité pédagogique et culturelle.
Cependant, l'école n'est pas indépendante de la société et du contexte auxquels elle appartient.
Voilà près d'un an que le programme Jules Verne et l'académie de Lille me permettent de découvrir et de connaitre, de plus en plus profondément le système éducatif costaricien. Et comme chaque enseignant, nous restons sensibles aux mesures politiques qui influencent, en bien ou en mal, l’institution dans laquelle nous évoluons, ainsi que sur le bien être et les chances de réussite des élèves. 

Voici donc une petite parenthèse qui, si elle ne permettra pas un changement de certaines mesures, permettra peut être une prise de conscience sur un problème d'actualité qui touche l’école costaricienne et de faire entendre ce que pensent beaucoup d’enseignants engagés dans leur travail.

 Actuellement, sont en construction au Costa Rica "los centros de cuidado y desarollo infantil" appelés Cecudi. La création de ces centres : l'une des mesures phares du gouvernement, vise à lutter contre l'exclusion des plus jeunes.
Les Cecudi, à destination des populations les plus pauvres et marginalisées ont pour fonction l’accueil permanent d'enfants. Mais plus que d’être des garderies ces centres d'assistance distribuent également de la nourriture et parfois certaines aides financières aux familles. 

 
L'un des centre de cuidado infanil récemment inauguré

A première vue, une aide à ceux qui en ont le plus besoin donc, à quelques détails près...
Le cas de Cartago et du quartier de Taras est tout à fait intéressant car il permet de voir comment des mesures sociales considérées comme honorables peuvent dans les faits se traduire pas une hausse des inégalités et devenir un instrument de ségrégation sociale.

C'est à moins de 50 mètres de l’école republica francesa que va être construit un nouveau centre de cuidado infantil. Si on considère que l'école maternelle n'est pas obligatoire au Costa Rica, que ce centre sera ouvert aux horaires d'école et que pour les parents d'élèves y mettre leur enfant leur permet de recevoir certaines compensations... Cette aide sociale se traduit dans les faits par une déscolarisation des élèves qui, de par leur condition sociale sont ceux qui au contraire ont le plus besoin d'aller à l'école.
En tant que parent dans la nécessité, quel intérêt ai-je à mettre mon enfant à l’école s'il peut être gardé gratuitement, sans les frais que l'écolé peut engager, si je reçois en plus de cela des avantages financiers ?

 
Cartago, ancienne capitale, où sera implanté l'un des prochains Cecudi


Sachant que la population de l'école Republica francesa est loin d'être aisée, les classes de maternelle se trouvent donc menacées de perdre une grande majorité de leurs élèves et risquent par la même de nombreuses fermetures de classe.
Par ailleurs, les moyens donnés à ces centres ne leur permettent pas de proposer aux enfants un encadrement de qualité et les activités proposées se veulent plus "occupationelles" qu'éducatives.

A des fins politiques (les élections présidentielles ont lieu l'an prochain et cette mesure est directement liée à l'obtention de vote pour un renouvellement de mandat de l'actuelle présidente),  l’école se trouve donc menacée par une autre institution (publique) qui sera source de retard scolaire, pour les populations paupérisées, face aux autres couches de la population.
Étrange paradoxe donc qui inquiète beaucoup d’enseignants, dont ceux des sections bilingues, qui s'efforcent pour que leurs élèves aient tous les mêmes chances de réussite dans la suite de leur scolarisation.
 
Enfin, et dans une perspective plus large, comment intégrer efficacement des élèves à "problèmes" dans une société si on les écarte dès leur plus jeune âge du premier lieu de socialisation commun à tous ?
 

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