dimanche 24 mars 2013

La grande école

                   
                  Les préscolaires ont troqué leur uniforme bleu contre la chemise blanche, d'autres élèves pleurent, certains professeurs courent et parmi eux de nouveaux visages. Casiers  vides, murs vierges, sacs de matériel pédagogique entassés dans les coins. Pas de doutes le mois de févier fut bien celui de la rentrée et au programme une année bien  chargée !
                  
                    Pour les enseignants des sections bilingues, l'année scolaire aura débuté par une formation à l’université. Parmi les thématiques abordées, une réflexion sur l'apprentissage des mathématiques et des situations problèmes, une séquence sur la pédagogie par compétence dont tente de s'inspirer les nouveaux programmes de français costariciens ou encore des modules sur l’élaboration d'une charte de vie commune au classes du projet ainsi qu'une analyse des résultats aux différents diplômes de français passées par les élèves costariciens.
                    Grâce à la présence des enseignants d'espagnol, cette formation aura permis lentement mais surement d’élaborer les bonnes bases d'une année tant dans la communication entre qu'équipe qu'avec les élèves.

                    Les semaines qui ont suivis ont été celles de la mise en route : si certains professeurs suivent la même classe durant plusieurs années, d'autres récupèrent un nouveau niveau, d'autres encore découvrent pour la première fois l'enseignement.
                   Dans mon cas au revoir la maternelle, bonjour le CP. C'est donc avec plaisir que j'ai retrouvé les mêmes élèves que l'an dernier du coté élémentaire cette fois répartis dans quatre classes de primer grado : les 1.1 et 1.2 d'Ingrid de la Republica Francesa et les 1.4 et 1.5 de Carmen de l'école Teran Valls.


           

                 Jusque début mars les élèves ont été évalués sur leurs acquis de maternelle, ils se sont aussi habitués à la "grande école". Il existe en effet un certain fossé entre la maternelle (travaux de groupes par ateliers, matériel adapté, nombreux regroupements, élèves en interaction entre eux, jeu libre), et le primer grado où durant les premières semaines, l’élève est la plupart du temps assis et mis en situation frontale avec l'enseignant... On peut donc comprendre pourquoi il est difficile pour un élève de CP de rester concentré plusieurs heures durant. Des difficultés d'adaptation qui sont pour moi dues à un certain manque de continuité entre maternelle et élémentaire. Ce fonctionnement différent permet de constater le bien fondé d'une organisation des enseignements par cycles d'apprentissage intégrant la maternelle tel qu'il peut être pratiqué en France.



                 Rajoutez à cela des journée des plus longues, l’alternance matin/après midi des horaires selon les journées, ainsi qu'une répartition des moments de recréation et de repas déconcertante et vous comprendrez pourquoi les élèves de primer grado montrent certains signes de fatigue et pas mal de problèmes d'attention.
A l'ecole elementaire, une journée de classe est par exemple découpée en periode de 40 min séparées par 5 min de recréation. Ceci pendant 5 heures (soit selon moi le temps parfait pour sortir l’élève de l'activité sans pour autant lui permettre de réellement se défouler). Il arrive très souvent qu'une séance soit interrompue par le passage à la cantine, soit 20 min pour manger et retour direct en classe sans moment de pause ou de recréation pour digérer.
                   Les contraintes liées au respect de ces horaires sont pour moi l’élément le plus couteux en terme d'adaptation. Bien que cette organisation reste la seule possible permettant à tous les enfants d’être scolarisés et de vivre ensemble dans un espace assez restreint pour un nombre important d’élèves (ex le réfectoire a une capacité d’accueil de deux groupes pour une trentaine de classes dans l'école). Il me semble cependant aller  à l'encontre de certains besoins de l'enfant en terme de rythmes scolaires. On est donc encore loin des débats actuels en métropole sur les rythmes scolaires qui ont au moins le mérite d'exister.
Résonnance de la pluie sur les classes en taule, chaleur, gymnase situé à moins de cinq mètres, travaux aux alentours, bruit des élèves dans la salle de classe : les enseignants costariciens font preuve de philosophie et s'adaptent tant bien que mal.


Se tenir correctement pour écrire : patience et persévérance..


Si le passage à l’école élémentaire est donc parfois quelque peu difficile, les élèves évoluent ensuite de manière positive avec des enseignants qui rendent leurs classes autant que possible vivantes et interactives. 
La mise en place de plusieurs projets communs aux sections bilingues permet en effet de rentrer réellement dans les apprentissages.




Projets en cours pour l'année 2013 :

La fête de la francophonie 

"Le français est une chance !" A travers la découverte des bandes dessinées francophones ou la reconstruction d'un village à la française, ce premier projet d'ampleur de l'année aura eu un franc succès ( cf article francofonia 2013).

 


Guide bilingue éco-citoyen 

           Projet de grande ampleur qui intégrera toutes les classes du projet bilingue, des maternelles jusqu'au secondaire, et ce jusqu'au mois de juin. Comme son nom l'indique, il aura pour but de sensibiliser les élèves  et les communautés locales au développement durable.
Comment ? A travers l'acquisition de gestes simples pour la préservation de l'environnement, de débats et projets menées en classes liés à une thématique spécifique.

          Il comprendra aussi bien un test sur nos pratiques écocitoyennes, des citations d’élèves (représentations initiales), des articles sur la réalisation des projets en classe et les productions qui y correspondent ou encore un lexique sur les mots clés liés au développement durable.
Ex : la création d'une "ville idéale durable" par les maternelle de Cartago, ou la creation d'un espace de tri par les classes du 1er cycle (cp, ce1, ce2).  On y retrouvera donc des photos, illustrations, ainsi que des textes issus de recherches scientifique menés par les différents niveaux et classes sur les 6 thèmes prioritaires de l'éducation au développement durable (definis par le ministère de l’éducation nationale) que sont la biodiversité, l'eau, les déchets, les energies, l'alimentation et les solidarités.

          Difficile actuellement de dire à quoi ressemblera le produit fini "guide écocitoyen", il evoluera selon l'appropriation du projet par les élèves et leurs professeurs. Il sera dans un premier temps édité numériquement puis diffusé auprès des communes de San José, Cartago, Concepcion, mais aussi auprès de l'Institut Français d'Amérique Centrale, de l'Ambassade de France et de l'académie de Lille.
Quatre mois est un laps de temps très court et nous suivrons dans cuadernos de escuela l’évolution du projet et les activités en classes qui y sont liées.
Quelques exemples de sous thématiques :  foret tempérée et humide, de la France au Costa rica : des écosystèmes en danger / Comment réduire ma consommation d'eau ? / Réduire mes déchets : la réutilisation / La solidarité internationale : des conditions différentes pour tous.

Dans sa conception, ce projet se veut fédérateur et a pour objectifs généraux :
- Allier enseignement du français bilingue et éducation au développement durable.
- Développer une conscience éco-responsable chez les élèves et acquérir des pratiques qui y sont liées.
- Développer la pédagogie de projet interdisciplinaire dans les classes bilingues. 
- Rendre les élèves acteurs de leurs apprentissages : dans  la conception et réalisation du projet, mais aussi dans la communication et sensibilisation autour de celui ci. 
- Renforcer la coopération bilaterale France-Costa Rica à travers un produit commun.
- Diffusion de la langue française au Costa Rica et dans le reste de l'Amérique centrale.











 Le petit livre vert pour la terre, l'un des premier guide sur nos pratiques écocitoyennes. 
Fondation Nicolas Hulot.


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